24 nov. 2010

Art Style : Light Trax



Lorsque Tron sort en 1982, c'est pour le grand public la découverte de l'image numérique appliquée au divertissement. Les contraintes techniques illustraient à merveille une possible représentation visuel de l'informatique. Trop en avance sur son temps, il est normal de sentir son influence stylistique encore aujourd'hui. Skip Ltd., développeur japonais basé dans le quartier de Sendagaya à Shibuya (Tōkyō), s'est spécialisé sur une série de jeux éclectiques et minimalistes appelés Art Style ( anciennement Bit Generations sur GBA ). Aujourd'hui, je vais vous parler de Light Trax, sortie le 25 juin dernier, qui comme vous allez le constater a pas mal de points communs avec le film de Disney.

Au pays de la résistance, l'électron est roi.
 

Art Style : Light Trax est une simulation de course d'électrons, sur Wii. Mais ce n'est pas un jeu de course commun : si vous n'accélérez pas, le jeu le fait pour vous ! En réalité, seul votre placement sur la piste en dirigeant votre liseré fluo vers la droite ou la gauche ( ou en bas et en haut, selon l'angle de vue ) aura une influence directe sur votre succès. Il faudra essayer de prendre le chemin le plus court, d'anticiper les accélérateurs, les virages, d'autant plus que le jeu utilise habilement les changements de positions de caméra décourageantes, tantôt à l'horizontal, tantôt à la vertical, ou même à l'envers.


quand un accélérateur est embouteillé ...


Le second mode de Art Style : Light Trax est l'autoroute. Comme son nom l'indique, le but et de tracer tout droit en accélérant progressivement ( il suffit de ne pas se faire toucher). Sans réel challenge, c'est l'antithèse de son grand frère. À l'image de The Path, c'est un slow game à lui tout seul. Ce n'est pas qu'un 'free mode' proposé par de nombreux jeu vidéo, mais un véritable mode complémentaire qui mérite autant d'attention.

Si l'ensemble est très arcade, et assez accrocheur, l'univers en décollera plus d'un...

V-rally sous Vectrex?

 C'est minimaliste, mais pas forcement rétro. Ici, il contamine aussi bien la forme ( gamme de couleurs réduite, musiques 8 bit associées à des percussions très simples) que le fond, qu'on désigne d'un jeu typiquement arcade par son gameplay. ( fond que l'on confond souvent par le 'message' à transmettre, ici bien entendu complètement abrogé ).



maman, où dois-je aller ?

Comme BIT. TRIP. games, Light trax ne retient que ce qui est essentiel à la compréhension immédiate de l'univers, comme s'il relevait de schémas cognitifs simples, accessibles, sans superficialités ni ornements : Un univers qui va plus loin encore que ne l'a été celui de Tron dans son concept. Il détruit toutes traces de rapports humains, réduites au seul mouvement linéaire. Dans le second mode par exemple, seules les bifurcations et les sorties font allusion à l'autoroute.

Lignes et couleurs pures...

 Un univers qui sera donc assez difficile d'accès pour celui qui tient absolument à se raccrocher à quelque chose de 'réel', de contextuel. Inutile de dire que l'intérêt d'un tel univers n'est palpable que si l'on s'immerge complètement dans celui-ci, seul ( la conscience d'un environnement extérieure viendrait gâcher toute ambition d'immersion ).

En somme, comme tout bon horror game, Light Trax justifie son statut de jeu vidéo par sa capacité à nous défaire de tout codes esthétiques extérieurs et à nous intégrer dans quelque chose de neuf. C'est une des finalités recherchées par un bon nombre de joueurs : Quitter le monde réel et en épouser un autre qui ne ressemble pas au monde pourri et ennuyeux dans lequel on passe les trois-quarts du temps dans les transports en communs. Le succès des MMO n'a plus de secret.


l'autoroute. Ça change de Lyon - Paris, non ?


Si l'artiste et théoricien moderne Piet Mondrian (1872-1944) aurait vécu à notre époque, il aurait sans crainte apprécié Light Trax, appliquant en partie ses théories artistiques, dans un futur hypothétique où il pensait que les populations sous l'effet de la ville, et de ses orthogonalités et de ses bruits, serait mieux à même à considérer ce genre de visuel, et impensable ou décadent à l'époque, à les apprécier !

Un monde fait de lignes et de couleurs pures, réduisant le réel à sa plus parfaite et pur représentation, confondu avec des formes en partie abstraites ( parce que l'ensemble reste malgré tout représentatif, il faut bien savoir où l'on se dirige ! ) où le bruit remplace la musique, où la nature, au lieu d'être - encore une fois - imitée, est écrasée sous un rouleau compresseur. 

Monte le son et passe moi les cachetons...


Light trax est donc loin d'être un jeu light (!). D'un visuel minimaliste et d'un contenu assez pauvre ( si une comparaison avec le reste de l'industrie doit être inévitable à toute critique ! ), c'est au moins un très bon jeu arcade, au mieux une transe néoplastique. Mais je vous rassure, ici, vous n'aurez pas besoin de substances illicites. (600 points - 6 euros, disponible sur WiiWare, plateforme dématérialisé de la Wii)


Willy Fox


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