2 nov. 2010

The Path



Les adaptations de contes pour enfants au cinéma sont monnaie courante, mais peu représentées sur la scène vidéoludique. Quand Tales of Tales, petite entreprise belge développant depuis 2002 et déjà remarquée pour leur univers sensoriel et féerique, s'y attaque, on peux arrêter nos occupations et regarder ce qu'il en ressort. The Path est sorti en mars 2009 mais il n'est jamais trop tard pour remâcher encore une fois une histoire que tout petits européens connaissent par cœur...

The Path - présentation


Petit chaperon a grandi trop vite.

The Path est l'interprétation actualisée de l'histoire du Petit Chaperon rouge à travers celles de six jeunes filles. Vous commencerez donc par sélectionner l'une d'entre elles avant d'être déposé au bout d'une route bétonnée, suivie d'une seule instruction : Go to Grandmother's house and stay on the path.

Tenté par une forêt dense où vous passerez la majorité de votre temps, vous y chercherez votre Loup, symbolisé par différentes scénettes dont je vous laisserai la découverte. Entre temps, vous partirez à la recherche d'objets perdus appartenant aux différentes histoires pour compléter leurs mythologies et cerner le profil des personnages.


The Path - Rose
Rose, 11 ans, cherche gros loup pour un cam-to-cam.
Autant le dire tout de suite, il est dommage que l'interprétation soit sous-exploitée et finalement assez commune, en deçà de ses homologues littéraire et cinématographe : on passera donc sur toute la symbolique caricaturée du loup de nos contrées ( l'homme, méchant et destructeur, en prend - encore - pour son grade ). Toutefois, attachée au média interactif elle prend davantage d'ampleur. Dans la peau de la victime, cette version est à même de faire susciter chez vous des souvenirs, des impressions douloureuses. La réception sera donc différente selon votre expérience.

Approche, approche...

Ce n'est pas la première fois que le thème de la forêt est traité chez Tale of Tales. C'est un symbole de curiosité, de tentation, d'imaginaire : dans the Endless Forest, un jeu multijoueur où le seul but est de gambader dans une forêt en incarnant un cerf, le studio invite à parcourir les rencontres et interactions inattendues. Ce qui ne manque pas de faire écho avec un certain The Legend of Zelda ou toute la progression est basée sur ce système : le labyrinthe appelle l'inconnu, et l'inconnu la tentation. (On rappellera aux novices de l'histoire de Nintendo que c'est la découverte par curiosité d'une grotte prés de Sonebe dans l'enfance de Miyamoto Shigeru qui déclenchera l'inspiration.)


The Path - Rose
La même Rose, quelques heures plus tard...

Techniquement, c'est plutôt jolie, le tout en full 3D ouvert, ce qui est assez impressionnant pour la taille de l'équipe et largement suffisant pour être crédible et mettre en place une esthétique attachante, gothique, plongée dans un bocal de crayons de couleur. La maniabilité hasardeuse et la musique répétitive, agaçante à la longue, ne cacheront pas l'origine modeste du titre qui trouve ici les limites de ses ambitions. Mais qu'importe, l'ensemble est cohérent, sans véritables gros défauts. Et plus important encore, le charme opère.

Linéaire ? Pas si sûr...

The Path semble linéaire, parce que l'histoire initiale l'est. Vous ne pouvez pas changer quelque chose qui est inéluctable : vous crèverez humilié par votre Loup, un point c'est tout (Oubliez tout fantasmes de street fight avec lui !). Cependant, c'est à vous seul de vous écarter du chemin principal, de vous enfouir au plus profond de la forêt, quitte à vous perdre un instant.


The Path - épilogue
L'épilogue de chaque histoire : visite chez mère-grand sous LSD.

D'un point de vu éthologique, il serait d'ailleurs intéressant de connaitre le pourcentage de joueurs qui dès le premier essai ont préféré aller tout droit en sécurité et ceux qui au contraire ont pris la peine de s'égarer dans des lieux en apparence plus dangereux...

Mais encore ?

The Path est fait pour les joueurs lassés de l'exigence du jeu vidéo traditionnel, qui parfois ne permet pas de réellement vivre le jeu comme il se doit. Il est agréable de voir que ce média se dilate et couvre davantage de domaine, même si ce n'est pas toujours d'une justesse implacable. Ce slow game, désigné comme tel par ses créateurs, est une de ces petites briques qui le font progresser.

(The Path est disponible sur une dizaine de plateformes dématérialisées, dont Steam, pour moins de 10 euros.)



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