1 nov. 2010

Winter Voices

C'est le dernier évènement en date dans le milieu indie français : Winter Voices tente de faire son petit tintamarre automnal. Il est probable que vous ayez beaucoup entendu jaser sur ce jeu, sans vraiment comprendre de quoi il retourne. Suivez le guide.





A Role-playing Tale ?


Présenté par ses créateurs comme un " jeu de rôle par épisodes ", Winter voices inaugure en effet grâce à une diffusion exclusivement numérique le jeu vidéo feuilleton : le scénario se trouve tronçonné en sept épisodes, et Avalanche, son prologue, est disponible pour quelques piécettes depuis le 15 octobre.

Avec Avalanche, Beyond the Pillar nous propose donc principalement la découverte de l'univers de son jeu, à la direction artistique léchée. Fort de plusieurs concepts originaux et assumés, je vais vous expliquer en quoi Winter Voices tient plus du conte de Grimm que d'Icewind Dale.


Votre histoire débute ici...



Un petit flocon de tranquillité


L'histoire débute donc au cœur d'un petit village enneigé et inconnu où le froid et l'hiver sont omniprésents.
Une ambiance sereine et triste est posée dès les premiers instants par la voix profonde du narrateur et les aquarelles illustrant la cinématique d'ouverture.

Premier constat original : le protagoniste, vous, est une fille. Prise de position rare et appréciable, ce choix a été travaillé pour profondément colorer l'expérience de jeu, l'univers et la relation au monde. Ici, l'héroïne se trouve confrontée au deuil de son père, et son cheminement vers la compréhension et la guérison passera par l'affrontement de ses doutes et de ses peurs enfouies.

Dans Winter voices, tout est au ralenti, comme pris dans l'une des congères qui parsèment l'écran. L'héroïne ne court pas, car il n'y a pas de danger. La musique, enveloppante ou étouffante suivant les péripéties, garde un tempo régulier, organique. Le jeu doit donc être pratiqué dans une humeur détendue et reposée, il faut prendre son temps pour en apprécier toute la saveur.



Le Saint-Bernard et le corbeau


On retrouve les principaux éléments de la recette du RPG occidental, mais détournés pour servir la représentation psychologique et intimiste de l'aventure : les compétences deviennent des traits de personnalité, et les " combats " sont plutôt l'affrontement de ses propres craintes. En effet, les traditionnels fantômes et autres ombres sont ici des projections métaphoriques, et souvent utiles à la compréhension de la situation.


Vous apprécierez un magnifique boulot sur l'interface graphique













Le fantastique est donc traité par Winter Voices tel un bon épisode de Silent hill ou un film de David Lynch : on quitte la représentation physique et primaire des conflits. Tout est interne, l'ennemi comme le sauveur sont à l'intérieur, et seuls les choix déterminent le chemin.



" Voyager n'est pas une fuite, il n'est de fuite que celle qui nous éloigne de nous-même "


Mais tout ce travail psychologique et narratif peut paraître un brin complexe, voire prétentieux. Et un défaut se dégage immédiatement de ce choix d'inclure le joueur au cœur de la psyché du personnage : l'histoire et les évènements sont tellement intimistes et imbriqués, qu'il n'existe peu ou pas de liberté d'action.

Alors certes, le choix des caractéristiques et des traits de personnalité permettent de donner une touche personnalisée aux combats, mais il est frustrant de devoir sans cesse suivre les dialogues et les scènes dans un ordre immuable. Le personnage en paraît faible, et jusqu'au bout de ce prologue, on est en manque de la liberté qui pourrait densifier l'expérience.


Un exemple de combat tactique













Le jeu, par son originalité et un positionnement mature, trouvera donc de manière presque certaine un public fidèle. Mais en contrepartie, son atmosphère mystique et un gameplay congestionné énerveront ou lasseront sans doute plus d'un joueur...



Les liens utiles :

  • Le site du jeu, pour avoir des infos supplémentaires, ou visionner le trailer, ou télécharger le jeu.

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